LUDUS (Cycle de l'Amour) …
Contribution de Clémentine
LUDUS : c'est le mot grec qui caractérise le jeu, la quête, la découverte de l'autre à travers le jeu de séduction et le flirt.
Ludus c'est vouloir laisser le sérieux de l'amour et s'amuser et être léger.e.
C'est ce qui est souvent ressenti au commencement de nouvelles relations et que l'on recherche constamment quand les relations sont installées.
La partie ludique est ce qui a tendance à faiblir à mesure que les relations évoluent et qui est pourtant une partie essentielle à la découverte de l'autre et au maintien de l'intérêt d'amour.
Ludus c'est le jeu des émotions.
Je m'aime, toi non plus !
- Donc… arrête moi si je me trompe, mais… il me semblait que je te plaisais?
- Oui… on peut dire ça comme ça.
- Comment tu dirais ça ?
- Je dirais plutôt que j’ai le vertige quand nos regards se croisent, que quand tu m’effleures, je vois des couleurs dont je ne savais pas qu’elles existaient et que tu emballes mon cardio plus fort qu’une séance de zumba
- Mais… c’est génial ! Je veux dire… Moi aussi, tu me plais beaucoup. Est-ce que je peux te proposer qu’on se revoie… très bientôt ?
- Alors qu’on se revoie, carrément. Mais pas très bientôt. Tu m’as donné trop de taf, là.
- Je… quoi ?!
- Nan, mais c’est ma faute… Ca fait des années que je repousse, que j’me dis qu’il y a pas urgence. Et puis tu débarques avec ta gueule en forme de dead line…
- Bon, c’est officiel : je ne comprends pas de quoi tu me parles, et les signaux que tu m’envoies sont au-delà de contradictoire. Veux-tu bien m’expliquer avant que je me vexe ?
- Pardon, je m’éparpille, je vais dans tous les sens, je suis inintelligible…
Mais ça illustre très bien le problème !
Tu vois l’effet que tu as sur moi ?
Tu vois comme ta présence me rend ivre ?
J’ai rêvé de ce type de rencontre toute ma vie.
Et je me plaignais de ne tomber que sur des connards, des coureurs, des menteurs, des manipulateurs…
En vérité, je ne tombais sur rien du tout, j’allais chercher ces connards, ces coureurs, ces menteurs, ces manipulateurs.
C’était écrit en travers de leur face, dès le premier regard, je les reconnaissais, et je m’y engouffrais, tête la première, fleur au fusil, culotte dans la poche...
Et puis des semaines, des mois ou des années plus tard, je me plaignais, à qui voulait l’entendre, d’avoir été dupée.
En vérité, je ne les choisissais pas tant pour le contenu de leurs mensonges que parce qu’ils me mentaient. Peux-tu vraiment te dire dupée quand tu découvres que ton soda contient des sucres ajoutées ?
Je me racontais que je voulais trouver l’amour, alors que je voulais juste reproduire le scénario que je connais. J’ai vu des psys, des acupuncteurs et des énergéticiennes.
J’ai parlé à mon enfant intérieur, j’ai cajolé mes blessures, j’ai pardonné ma mère, j’ai pardonné mon père, j’ai mis un terme aux amitiés toxiques.
J’ai pris goût à ma solitude, j’ai cessé d’aller chercher à l’extérieur la validation que je refusais de m’accorder. Et puis nos regards se sont croisé et j’ai eu le vertige.
- Un bon vertige ?
- Un merveilleux vertige.
- Donc…
- C’était facile de m’accepter auprès des personnes dont l’amour m’est acquis, c’était facile de m’accepter seule dans ma chambre, face au miroir, dans ma solitude adorée.
Mais… Je n’ai jamais été aimée de quelqu’un comme toi.
Il est évident que tu ne me veux aucun mal.
Du coup, je suis pas absolument certaine que je mérite que tu m’aimes.
- Et si moi je le suis… ?
- Si tu l’es, ne me le dis pas ! Pas tout de suite ! Sinon, ma seule chance de vérifier que je mérite que tu m’aimes sera de te le demander.
De te le demander à l’oral, et par texto.
De te le demander en te faisant des crasses pour voir si tu restes quand même.
Te le demander en créant des conflits avec autrui, uniquement pour vérifier que tu choisis mon camp.
Et de pousser le bouchon toujours plus loin pour vérifier combien tu m’aimes.
Si tu me dis que tu m’aimes maintenant, je me nourrirai de ton amour comme on vide une briquette de jus de fruit à la paille et je te laisserai vide, épuisé et ratatiné.
Si tu me dis que tu m’aimes, j’en profiterai pour ne plus faire le travail moi-même.
Or, mon envie de t’embrasser, de vomir et de te reprocher d’avoir aimé avant moi m’indiquent que j’en ai, du travail. Alors oui, je veux te revoir, absolument.
Mais je crois que je dois d’abord retourner dire 2-3 trucs à mon enfant intérieur.
- Donc parce que je te plais, tu ne veux pas qu’on soit ensemble ?
- Parce que je meurs d’envie qu’on soit ensemble, je dois prendre le temps de bien me réparer.
- Et moi, je fais quoi ? J’attends ?
- Si tu veux, ça me ferait super plaisir !
- Je ne peux pas te garantir que je serai encore là quand tu seras prête…
- Je sais, mais c’est pas grave. Quand je serai prête, ce ne sera plus si important.
Je serai capable de m’aimer sans passer par le filtre de ton regard.
Ta présence dans ma vie ne sera plus un enjeu crucial, juste un super bonus.
- Alors je me casse et on se revoie… Quand tu l’auras décidé. Et peut-être serai-je encore disponible…
- Au revoir.
- Attends !
- Oui ?
- Avant de partir, tu veux pas profiter du fait que j’utilise encore le sexe pour obtenir un sentiment artificiel d’intimité ? En signe d’au revoir… ?
Iels vécurent heureux. Ensemble ou séparément.