Mon expérience de la violence conjugale (TW)

Cela faisait déjà quelques mois, depuis l'ouverture de mon blog, que je voulais aborder le sujet si délicat des violences conjugales et des violences masculines.

Jusqu'à ce que ma vie personnelle me rattrape, encore, il y a quelques jours.

J'ignorais comment m'emparer du sujet tant il se révèle être ultra personnel, comme la plupart, d'ailleurs, des sujets de mon blog.

Mon blog ... au fil des mois, est devenu le relais, le porte-voix, le témoin et le support sur lequel je partage mes expériences de Femme.

Voilà ... Cela fait 11 longues années que la violence conjugale me poursuit, qu'elle ponctue certains de mes échanges, qu'elle se manifeste sous différentes formes par des menaces orales, écrites et/ou physiques...

C'est ma vie ... je la taisais ... pourquoi ? pour qui ?

***

STOP !

Les mouvements #metoo #balancetonporc #maintenantonagit ne peuvent que tirer leur force qu'à partir de témoignages de Femmes anonymes qui vivent et subissent ces situations !

Les violences conjugales et les violences masculines sont une norme imposée aux Femmes.

Elles sont la "douce" réponse qui leur est promise si elles osent s'exprimer, quitter, "se rebeller" mettre un terme au harcèlement qu'elles subissent ... quelque fois, le seul fait d'être une Femme les soumet à ces assauts !

Ce n'est certes pas un sujet glamour.

J'aimerais me préoccuper de sujets plus légers et festifs, seulement les rappels de ma vie personnelle, les rappels des faits divers qui relatent qu'en moyenne en France 130 Femmes décèdent sous les coups de leurs maris ou conjoints, ex-maris ou ex-conjoints et/ou un proche me préoccupent et me font incarner le sujet !

Je me sens responsable...

Les violences conjugales et masculines et ceux qui les commettent tuent des Femmes, brisent des familles, laissent des orphelin.e.s de mères et la société héritent de pères meurtriers.

La souvent trop tardive prise en charge des victimes révèle que ces situations sont souvent connues de l'entourage proche des victimes !

Je suis concernée, j'ai été concernée, je personnifie la problématique et j'attends UNE réponse efficace de la société envers cette violence tout et en même temps : banalisée, cachée, affichée ...

Affichée : des hommes publics ayant commis des crimes et délits envers des Femmes jouissent toujours de leur carrière !

Banalisée : la répétition, la non-prévention, le traitement médiatique médiocre transforme ce sujet sociétal majeur en fait banalisé et vulgarisé !

Cachée : les hommes coupables de tels actes bénéficient de protection, sont souvent impunis ou soumis à des peines pénales dérisoires...

Ces signaux dans la mauvaise gestion des droits des Femmes en matière de violences ne favorisent donc pas qu'elles dénoncent ces actes quand elles sont elles-mêmes victimes !

Je n'ai jamais parlé des coups que j'ai reçus, des ITT (Interruption Temporaire de Travail), de l'anxiété et de l'angoisse que j'ai développées depuis, des insultes que je reçois, du traumatisme avec lequel je vis ...

Ma condition de Femme intéresse-t-elle quelqu'un.e ?

Les violences que j'ai subies ont contribué à ce que je baisse les bras à plusieurs reprises ... effrayée par les représailles, lasse de livrer une bataille où j'étais définitivement perdante et non reconnue dans ma condition de victime ...

Si je fais ce constat, pour l'avoir traversé ... il est le même pour de trop nombreuses Femmes !

Je n'ai reçu que peu de soutien ...

En plus d'avoir été battue, humiliée, insultée ... on reçoit peu d'aide et peu de bienveillance !

Ma parole a été mise en doute, mon récit minimisé, ma souffrance occultée :

"Tu es sûre"...

"C'est un gentil garçon"...

"Pense à ta famille" ...

Pendant que je pansais mes plaies ... je dissimulais les traces de coups, je repartais dans le monde comme si de rien n'était ... c'est tout ce que l'on attendait de moi ...

Faire comme si ...

Je n'avais pas le droit ... ma parole n'était pas écoutée.. d'ailleurs qui était disposé à l'entendre ... je n'avais pas le droit ... je suis une Femme !

Après cette séparation, j'ai été rapidement la "putain", celle qui abandonne, la mauvaise et tout le monde s'est précipité pour consoler l'homme éploré !

Ce même homme "éploré" qui quelques semaines après la séparation m'a inséré le canon d'un pistolet à billes dans la bouche ... j'ai pensé que c'était une arme à feu... pouvais-je faire la différence ??? S'il avait tiré ??? Mais non, il ne voulait juste que te faire peur !!!

J'ai eu peur ... très peur ... alors je me suis décidée à aller porter plainte ...

La plainte qu'est-ce-qu'elle a donné ? Rien ... une convocation au commissariat pour Monsieur, une réprimande ... ben quoi j'étais encore vivante ...

Pourquoi elle vient se plaindre !!!

Ce même homme éploré m'a séquestrée avec notre fils 3 jours et 3 nuits en m'ayant confisqué les clefs de MON propre appartement, mon téléphone en ne m'avait pas laissé le temps de prendre des vêtements décents !

Parce que pour lui la séparation était insupportable ...

Et MOI alors ... qui se souciait de moi ... de mon ressenti ... de la torpeur dans laquelle je vivais ...

Non ce n'est pas romantique ... c'est de VIOLENCE !

Il n'a pas non plus eu un "coup de folie" on parle d'un homme VIOLENT !

D'un homme qui domine, qui use de sa stature et de son statut d'homme pour soumettre : la définition de la domination masculine !

Pendant de nombreux mois, mes dimanches soirs se sont transformés en visite hebdomadaire au commissariat lorsque je devais récupérer mon fils sans que jamais rien ne soit fait pour le raisonner, le calmer, voire même tout simplement me protéger ...

Il se pouvait qu'il se trouve à proximité de mon domicile... qu'il use de menaces ... que pouvais-je faire à part vivre avec la peur constante !

J'ai dû changer de numéro de téléphone pour ne pas à avoir à subir le harcèlement téléphonique ... voilà qu'elle a été la réalité de mon quotidien pendant de nombreux mois ...

Et je devais faire comme si ...

Alors, j'ai pris mon mal en patience ... j'ai continué mon chemin ... en faisant abstraction de certains faits...

Comme si de rien n'était ...

Pendant ces 11 années, certaines larvées d'espoir, cet homme s'est permis de faire la pluie et le beau temps dans ma vie malgré la séparation ...

Jusqu'à ce jour, j'attends ses regrets, ses excuses, la reconnaissance du tort et du mal qu'il m'a causés ...

Tout ce qui me parvient des années après, c'est la calomnie et on lui accorde des circonstances atténuantes ...

La domination masculine ...

Je paie visiblement ma "dette" pour m'être sauvée ... pour avoir mis MA vie avant tout : avant ma condition de mère, de compagne ...

***

Cet épisode de ma vie a laissé des traumatismes dont j'ai hérités et que j'ai légués à mon fils et ils sont indélébiles !

Mon sort intéresse t-il vraiment ???

Moi l'anonyme ???

Des années après ... le responsable a pu bénéficier de soutiens sans remise en question de son comportement...

La voilà la vérité ... je la rétablis !

Je ne sais si je peux me dire forte de cette expérience, car elle ne m'a pourtant pas empêchée de retomber vers un autre versant de la violence conjugale qui est la manipulation affective, qui fait tout autant de dégâts que la violence physique ...

Je dirai que forte de mes expériences malheureuses, je me bats désormais contre la normalisation des violences conjugales, masculines et patriarcales.

Je me bats afin qu'une baffe, des cris, des insultes, des coups, la manipulation affective soient dénoncés comme étant des dérives dans le couple, mais aussi dans tous types de relations.

Je me bats pour dénoncer le fait que les violences conjugales et masculines sont des drames que la société civile devrait plus sérieusement se saisir parce qu'elles sont meurtrières; elles laissent derrière elles des victimes en la personne des Femmes et les enfants de celles-ci quand elles en ont, et laissent des blessures difficilement guérissables.

Je me bats pour que chaque Femme puisse, si ces actes lui sont malheureusement infligés, trouver l'écoute, les espaces et structures où elle pourrait être en sécurité, écoutée et que son récit soit valorisé et que l'auteur soit puni !

J'use de ma voix en militant en faveur des Femmes, en communiquant sur l'importance de l'empowerment féminin et en éduquant les jeunes générations pour que cette violence puisse connaitre un jour un déclin !

Je suis très en colère face à cette injustice et cette domination et la manière dont les Femmes sont considérées dans nos sociétés.

Cette colère je la transcende et la transforme dans toutes mes actions présentes et futures ...

***

Suite à la publication de mon statut sur Facebook, j'ai reçu des témoignages de Femmes me faisant part de ce qu'elles avaient également vécu et je me suis aperçue une nouvelle fois que ce sont des faits communs à de nombreuses Femmes.

J'en publie quelques uns avec leurs autorisations et je les remercie chaleureusement de la confiance qu'elles m'ont confiée :

"J’ai vécu un mariage compliqué où je n’étais pas battue mais la pression psychologique était pire que toxique. Aucune femme au monde ne mérite d’être frappée ou insultée. Je comprends mieux tes statuts et combats. Le chemin est long mais heureusement peu à peu les femmes se rendent comptent qu’une vie ne se subit pas mais se vit, que nos voix comptent, qu’il faut s’affranchir des pressions de l’entourage, de la famille pour s’épanouir. Penser à soi en tant que personne n’a rien d’égoïste, bien au contraire. Se regarder dans la glace tous les jours et se dire qu’on a droit au bonheur, qu’on peut vivre la vie que l’on veut et combattre les préjugés en tant que femme. C’est déposer un fardeau qu’on a trop longtemps porté sur son dos parce qu’on s’est « oublié » dans une relation. Parfois dans certaines communautés, la liberté a un prix. Mais qu’importe, tant qu’on peut respirer ce vent de liberté qui nous emmène à une meilleure perception de soi et à « vivre » tout simplement c’est l’essentiel".

"Mais si on parlait plus, ces hommes seraient peut-être plus punis et petit à petit on serait peut-être plus en sécurité. Battue je ne sais pas mais brutalisée oui. Durant notre relation, il m’a brutalisée deux fois. Psychologiquement, ces colères étaient insupportables. Il y avait aussi les menaces... même de mort... même après notre séparation... surtout après notre séparation... cela a eu pour conséquence une presque dépression, des mains courantes à la police. Aujourd’hui et depuis 6 ans maintenant ça a cessé mais la crainte d’une nouvelle colère à n’importe quel moment est toujours là. On n’en parle pas parce qu’on a honte et peur... mais malgré ma peur, ma grande bouche de femme qui a été élevée dans une famille matriarcale depuis 3 générations se refusait de se la fermer quitte à risquer de prendre un coup".

"Ton message m'a touchée. J'ai vécu cela à travers la relation de mes parents. La violence de mon père envers elle. La haine que je ressentais envers ma mère de ne pas savoir comment le quitter. La haine que je ressentais pour mon père qui a toujours été un père super et un mari détestable. Puis j'ai appris à pardonner ma mère en devenant moi même femme. Je me suis rendue compte de sa force et de son courage que je ne savais voir petite. Les enfants prennent du temps à voir les choses mais l'amour que l'on a pour ses parents et l'éducation que l'on reçoit finit par triompher. Continues de prendre la parole comme tu le fais". "Bonjour, je suis profondément bouleversée par ce flow. Ma mère a été battue par mon père pendant des années. Elle ne s'en ati échappé seulement parce qu'il nous a abandonnées. Dans sa construction mentale ma mère est persuadée que si elle avait fait les bonnes choses choix leur couple aurait fonctionné. Personne ne reproche à mon père ce qu'il a été. J'aime mes parents mais le fruit de leur éducation patriarcale violente et toxique a pourri ma santé mentale. Je ne peux qu'admirer ton déconditionnement Et ta prise de conscience, pour ton propre bien et ton futur, ceux de ton fils. C'est un chemin difficile et solitaire que tu as choisi mais héroïque au sens antique. Bravo! Je t'envoie tout mon amour et soutien".

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Le bien-être féminin et la santé mentale féminine sont des enjeux politiques !